Vitesse, distance d’arrêt et sécurité
La distance d’arrêt correspond
au cumul de la distance de réaction (fonction de la vitesse) et de la distance
de freinage, proportionnelle, celle-ci, au carré de la vitesse. La combinaison de ces 2 éléments donne les valeurs moyennes suivantes,
testées en centre d’essais :
distance d’arrêt à 30 km/h
= 13 m
" " " à 50 km/h = 28 m
" " " à 60 km/h = 37 m…
La distance de freinage augmentant selon le carré de la vitesse, on note que la distance d’arrêt du véhicule croît plus rapidement que sa vitesse. Cette remarque amène au double constat suivant, précepte-clé de la prudence routière :
" " " à 50 km/h = 28 m
" " " à 60 km/h = 37 m…
La distance de freinage augmentant selon le carré de la vitesse, on note que la distance d’arrêt du véhicule croît plus rapidement que sa vitesse. Cette remarque amène au double constat suivant, précepte-clé de la prudence routière :
- Un
peu de vitesse en plus : beaucoup de sécurité en moins…
- Un peu de vitesse en moins :
beaucoup de sécurité en plus…
Vitesse, énergie
cinétique et violence routière
L"énergie cinétique" (Ec) est l’élément-clé
de toute réflexion sur la "violence" routière ; c’est
cette énergie, en effet, qui, absorbée brutalement en cas de décélération
violente et de choc dans la collision routière, provoque dégâts matériels et
lésions organiques.
Son équation - Ec = 1/2 m v² - nous la donne comme proportionnelle
à la masse en mouve-ment et au carré
de la vitesse (elle est par exemple multipliée par 100
quand la vitesse d’une voiture, passant de 5 km/h à 50 km/h, croît d’un facteur 10). Cette loi physique permet de mesurer le "capital" énergie cinétique propre à un mode de déplacement
et d’évaluer ainsi le potentiel de force
destructrice qui lui est associé en cas de collision. On peut sensibiliser
à son ordre de grandeur dans la simulation suivante :
Soit, par hypothèse : un
piéton d’un poids de 50 kg ; un cycliste (50 kg) ; un véhicule motorisé
d’une tonne (= masse piéton × 20) ; si on donne la valeur 1 à l’énergie
cinétique développée par le piéton, on aura, en fonction des vitesses, les
valeurs relatives suivantes :
-piéton, 5 km/h : énergie cinétique, par
hypothèse = 1
- cycliste, 15 km/h (vitesse
piéton × 3): énergie cinétique = 1 × 3² = 9
- véhicule motorisé à 5 km/h (masse
piéton × 20 ; vitesse piéton × 1) : 20 × 1 = 20
- même véhicule à 30 km/h (masse
piéton × 20 ; vitesse piéton × 6) :
20 × 6² = 720
- même véhicule à 50 km/h (masse piéton × 20 ; vitesse
piéton × 10) : 20 × 10² = 2000
En révélant - en terme d'énergie cinétique - des différentiels incommensurables entre modes légers et modes lourds de déplacement, le tableau ci-dessus
suggère plusieurs remarques lourdes d’implications en
matière d'évaluation du risque et de sécurisation de l’espace public urbain :
- Il légitime - d'abord - la qualification
de la marche et de la pratique cycliste comme "circu-lations douces" (ou,
pour le moins, plus
"douces") ; au moment même où un certain "politiquement correct" voudrait la bannir, il justifie pleinement cette expression de "circulation douce" et devrait contribuer à faire reconnaître pratique cycliste et marche comme des modes de déplacement éminemment civiques, appelant à l'égard de leurs adeptes, de la part de chacun, l'attention particulière que leur fait mériter cette moindre
violence.
- Au regard de ces mêmes différentiels, les lois de la Cinétique rendent
sensible l’absolue nécessité, en milieu urbain, d’une protection de la circulation douce (axes cyclables sécurisées,
espaces piétonniers protégées..) et jettent notamment la suspicion sur tout
aménagement (type "voie partagée"
cycliste/automobiliste..) tentant de nous en épargner les contraintes :
le partage - en zone urbaine à fort trafic - de la même bande de chaussée entre
mode lourd/mode léger, mode rapide/mode
lent de déplacement, est un idéal séduisant dans son principe même de
"partage" mais malheureusement condamné de manière rédhibitoire par
les lois de la Cinétique à rester illusoire, sa mise en œuvre, mêlant "pot
de terre" et "pot de fer", revenant purement et simplement à laisser, sur la chaussée, le plus faible à
la merci du plus fort comme le confirment toutes les statistiques d’accidentalité.
- La Cinétique - enfin - s’érige en "juge de paix" dans le
débat souvent passionnel sur les vitesses urbaines ; en donnant l’énergie
cinétique comme proportionnelle au carré
de la vitesse, elle désigne en effet, avec toute l'autorité intellectuelle de la science, la
vitesse comme un facteur essentiel
de "violence" routière, augmentant
mathématiquement de son seul fait la
gravité des effets matériels et corporels d’un choc selon une courbe
exponentielle ; à ce titre, elle désigne de manière claire la limitation des vitesses urbaines comme la mesure prioritaire
imposée à toute ville soucieuse de sécurité routière, de juste partage de l’espace, de
solidarité entre usagers de la voirie et d’attention à l’égard des plus
fragiles et des plus faibles.
Maurice Boyer, membre de la Ligue Contre la Violence Routière (LCVR)
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