"Tous responsables" : tel est le slogan officiel de la
Prévention Routière ; slogan à comprendre,
non comme un "Tous coupables", mais comme un rappel des règles de respect mutuel incombant à
tous - piétons, cyclistes,
automobilistes.. - dans un espace public où les devoirs
des uns répondent aux droits des autres :
respect mutuel des feux tricolores,
respect mutuel de l’espace public
(trottoir, chaussée..) incombant à chacun…
Faute d’avoir intégré ce principe de solidarité entre tous les usagers de la voirie, la campagne
publique développée à Rambouillet, mi-juin 2014, sur le slogan "Piétons et cyclistes, respectons les règles" laisse sur une attente ;
en gardant le silence sur le respect des règles incombant à l’automobiliste et
en omettant du fait même de rappeler les droits
du piéton et du cycliste à la sécurité dans une ville à la circulation
pacifiée au moment même où leur étaient rappelés leurs devoirs, elle ne livre
qu’une approche fragmentaire et, de ce fait, déformante des enjeux de la sécurité
routière urbaine.
Initiative au goût d’inachevé, cette campagne
doit donc en appeler une autre à venir, inscrite, celle-ci, dans l’esprit d’une
"mise en responsabilité" de
tous les usagers de la voirie, et s’en prenant, de manière plus audacieuse,
aux racines de la violence routière.
Sauf à laisser une image édulcorée de
l’insécurité routière, cette campagne future ne devrait pas pouvoir faire
l’impasse sur quelques données de base, et notamment, celles-ci :
- l’existence d’une accidentalité urbaine, faisant annuellement, dans les villes
françaises, outre le millier de morts,
quelque 50.000 blessés, dont plus d’un
millier de blessés graves condamnés,
pour une seconde d’inattention, à une vie entière de lourd
handicap.
- L’importance prise par la "circulation douce" dans
l’accidentalité globale et, plus affligeante encore, la très haute exposition des jeunes à l’accidentalité de la
"circulation douce" : 2011 : pic (très accentué) de l’accidentalité piétonne, 11 ans ;
pic d’accidentalité cycliste, 12 et 14 ans..
Les professionnels de la sécurité (voir
publications ONISR) s’accordant à voir dans la vitesse un facteur de risque "contribu[ant] (citation ONISR) au mécanisme de la plupart des accidents et, surtout, déterminant lourdement leur gravité", la campagne attendue ne devrait pas non plus, sauf à
manquer de cohérence, éluder les incontournables
mesures de pacification déjà mises en œuvre dans certaines villes :
qui peut en effet, à visage découvert, plaider le maintien d’un 5O km/h urbain octroyant à un véhicule
le droit - en secteur résidentiel ou dans un centre-ville parcouru par de
nombreux piétons.. - de s’approprier quelque 28 mètres de voie publique (*= distance d’arrêt testé en centre
d’essais, à 50 km/h), espace de chaussée devenue dès lors "no man’s land" où tout "intrus", fût-il un
tout jeune enfant ou une personne âgée prise de malaise, se voit puni aussitôt,
selon les circonstances, d’une grande frayeur, d’une atteinte à son intégrité
physique ou de la mort..
Enfin, la Ville de Rambouillet
s’honorerait en plaçant au centre de cette campagne - et, en même temps, à
terme, dans toute sa signalétique routière urbaine future - la sensibilisation
au principe civilisationnel du
"droit du plus vulnérable", principe à inscrire en lettres
d’or au coeur de tout projet de "ville à vivre", et qui fait un
devoir, pour tout usager de la voirie, du
respect du plus faible, d’une attention de tous les instants à
l’égard de l’enfant, d’une vigilance
accrue à l’égard de la personne âgée
et des personnes à mobilité réduite…
Maurice Boyer
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